5 157 randonneurs venus des 5 continents se sont élancés à la conquête des routes de l’Ouest sous un ciel plus que menaçant. Pluie, vent contraire, humidité 4 jours durant. 3 636 ont terminé courageusement ce périple exceptionnel de 1 227 km.
Redoutable pour les jambes et le corps certes mais plus encore pour le
mental, le "PBP2007" restera sans conteste l’une des plus
difficiles des 16 éditions. Comment ne pas avoir de respect pour
tous ceux qui se sont élancés (lundi soir ou mardi matin)
sous la pluie et le vent contraire pour passer plusieurs nuits dans l’humidité
ambiante ? Tous espéraient trouver sur les routes Bretonnes des
conditions plus clémentes. Mais au fur et à mesure de leur
progression, "Eole et Dame pluie" se sont installés durablement
sur le parcours, accompagnant durant 90 heures des randonneurs. "Ici,
personne ne part la fleur au fusil. Tous ont parcouru au minimum 4 brevets
qualificatifs de 200, 300, 400, 600 km afin de leur permettre d’appréhender
les pires conditions climatiques » nous confie l’expérimenté
Roger Baumann, lauréat de 10 Brevets successifs.
Une préparation nécessaire mais peut être pas suffisante.
La preuve, pour beaucoup après une première nuit de galère,
ils frisaient déjà le hors-délai dès Fougères
après seulement 300 bornes.
La dure réalité
Un Paris-Brest pour un randonneur cycliste, c’est un peu comme l’ascension
de l’Himalaya pour un alpiniste. "C’est l’aboutissement
d’un rêve un peu fou", nous confie Fabrice Rota, notre
animateur du gîte fédéral qui tente l’aventure
pour la première fois, sans assistance. A Loudéac à
l’aller, Fabrice frise la correctionnelle. Il est blessé
à la selle. Sur le conseil d’un ami, une bonne pommade protectrice
et un peu de repos lui permettront de repartir vers les monts d’Arrée.
Ouf! Mais au retour après 2 nuits et 2 jours de pluie, à
l’arrêt de Villaines, une seconde alerte sérieuse l’arrête.
Cette fois, se sont les pieds "échauffés par l’humidité".
Il s’assèche les pieds au talc, et dort 2 bonnes heures pour
récupérer. Il repartira de plus belle sous une pluie battante,
poursuivant son rêve. Il arrivera à bon port sans connaître
d’autres problèmes majeurs et terminera « au mental
» comme la plupart des arrivants
Autre rencontre : celle de Joël Gaborit du CT Rambouillet (Futur
capitaine de route de Paris Pékin 2008). Il va connaître
un véritable cauchemar dans les 200 derniers kilomètres.
Très marqué par la pluie et surtout par le vent de ¾
face, Joël, est paralysé du côté gauche. Il ne
peut plus tenir son guidon correctement. A Dreux, le contrôleur
de l’ACP Robert Leduc lui suggère repos, douche chaude, massage,
étirements et modification de la position sur le vélo. Joël
réussira tant bien que mal à rallier Saint-Quentin. "J’ai
pensé 100 fois à renoncer mais si près du but…"
Si près du but, renoncer est impensable. C’est pourtant ce
qui s’est produit pour Roger Martin, le doyen de l’épreuve.
Il espérait tellement pouvoir boucler "son 10e brevet".
Une longévité exceptionnelle. Mais vaincu par la fatigue
et surtout par sa vue, la sagesse lui commanda de renoncer. Terrible désillusion.
Heureux d’en finir
Des randonneurs heureux et imperturbables, au mental d’acier, nous
en avons rencontré. Honneur aux dames, Christiane Thibault, du
CC Croissy sur Seine est originaire de Saint -Méen le Grand en
Bretagne. Arrivée à Brest, mardi en fin d’après
midi, elle prend tout son temps pour se nourrir et se vêtir avant
d’affronter la seconde nuit. Elle repart avec sérénité
pour accomplir une grande partie du retour "toute seule". Christiane
ralliera dans la discrétion Saint-Quentin. Quelle endurance!
Autre rencontre, celle d’Alain Collonges de l’ASPTT Paris,
un métronome, et son compère de l’ASPTT Lyon, Jean
Pierre Cellier, toujours le sourire aux lèvres. Ils ont effacé
le ruban de "1 200 bornes" sans incident notoire ni le moindre
passage à vide. Impressionnant de régularité n’est
ce pas ?
Lionel Delahaie, du RC Anjou, après quelques aléas termine
en vieux briscard son 7e. "c’est le plus dur" affirme
t-il sans hésiter. Mais la palme de l’endurance revient au
benjamin du brevet, Cédric Bonnay -18 ans - des randonneurs picards
d’Amiens. Bien drivé par l’expérimenté
William Coulevra, président du CODEP de la Somme, il rallie le
gymnase des droits de l’homme le vendredi sans la moindre trace
de fatigue sur le visage, un plaisir non dissimulé par son coach
et "prêt à recommencer!"
Contrôle de nuit à Loudéac
3 heures du mat à Loudéac, la pluie a fait des ravages,
la froideur engourdit les corps, les "loupiotes" surgissent
de la nuit noire, les corps sont meurtris et les yeux rougis par le vent.
Le sommeil guette, certains luttent, d’autres s’allongent,
vaincus par la fatigue. Le dortoir de 400 lits affiche complet. Alors
que faire ? sans hésiter, les cyclos épuisés déploient
la couverture de survie et s’installe contre un mur ou à
même le sol. Une japonaise somnole sur sa chaise et tombe soudainement.
A ses côtés, un allemand dort la tête dans son assiette.
Au réfectoire, l’odeur de café chaud et de sueur froide
amplifie cette atmosphère quelque peu surréaliste. "Réveillez
moi dans ½ heure souhaite un canadien"…Les 150 bénévoles
du contrôle sont aux petits soins et vont veiller sur les cyclos
2 jours et 2 nuits sans interruption. Sans eux rien ne serait possible.
Le mercredi matin on enregistre déjà 129 abandons!
Succès mondial
44 nationalités étaient représentées dont
606 américains, 387 allemands, 368 italiens, 334 Anglais, 205 espagnols,
182 danois, 125 Australiens, 121 Belges, 116 canadiens, 112 Japonais,
etc... et 2 298 français. Au total 5 157 randonneurs des 5 continents
étaient présents sur ce 16e PBP.
La moyenne d’âge est de 49,7 ans.
Villaines la Juhel : quel accueil !
La palme de l’accueil revient sans conteste à la ville de
Villaines la Juhel en Mayenne : située à 232 km de Paris,
le point d’accueil était grandiose, avec ballons gonflables,
calicots, musique, rues décorées, borne kilométrique.
2 animateurs se relayaient au micro sans arrêt pour accueillir les
randonneurs avec moult encouragements à l’appui : interviews,
temps de passages, informations des autres contrôles avec chiffres
à l’appui. Une super ambiance qui faisait chaud au cœur
des randonneurs fourbus.